Le site Biocodex à Beauvais, près de Paris, est spécialisé dans la fabrication de la levure probiotique Saccharomyces boulardii CNCM I-745®, à l’origine de l’Ultra-Levure, son produit phare, qui expérimente une forte croissance de ses ventes dans plus de 100 pays. En revenant sur cette belle dynamique, Geneviève Schuster, directrice de production, partage sa vision sur l’avenir du site, son retour d’expérience sur la transformation digitale et ses attentes concernant le Congrès Polepharma Industrie du Futur.

Comment décrire la transformation à l’œuvre sur le site de Biocodex à Beauvais ?

Notre activité est spécialisée sur la levure probiotique Saccharomyces boulardii CNCM I-745®, qui représente 85% de nos volumes avec, comme produit phare l’Ultra-Levure. Celui-ci connaît une forte croissance de ses ventes depuis plusieurs années dans le monde. Ultra-Levure est un médicament qui traite la diarrhée aiguë et nous venons de fêter, cette année, les 100 ans de la découverte de la levure Saccharomyces boulardii CNCM I-745®. La particularité de notre site – et aussi un point fort de Biocodex – est de maîtriser l’ensemble de la chaîne de valeur de cette levure : de la fabrication de la souche (le principe actif), jusqu’à la formulation, la mise en gélules ou en sachets, le conditionnement et l’emballage que nous commercialisons dans plus de 100 pays dans le monde.

Quels défis pose cette forte croissance au niveau de la production ?

Face à la forte demande, nous avons un immense challenge à relever qui est celui d’augmenter notre production de manière massive sur les prochaines années, tout en ayant déjà augmenté de plus de 70% notre production sur les deux années passées. Cela passe par un important plan d’investissements à venir qui pourra intégrer davantage d’innovation digitale. En parallèle, je suis évidemment à l’affût de toute source d’optimisation, qui nous permettra d’augmenter notre productivité et accompagner notre essor.

Quel retour d’expérience pouvez-vous partager sur la transformation digitale ?

Nous sommes intéressés de savoir ce qui se passe ailleurs, de découvrir de nouveaux outils et des opportunités de développement grâce au benchmark de bonnes pratiques ou la mise en place de pilotes. Les tests que nous avons menés jusqu’ici ne se sont pas toujours révélés probants. Exemple : un projet d’installation de véhicules autonomes (AGV) s’est heurté à la configuration de notre usine actuelle, qui n’était pas adaptée. Concernant la digitalisation des dossiers de lot, je sais par expérience que leur simplification est un prérequis essentiel pour rendre leur digitalisation possible. Nos ressources aujourd’hui sont avant tout focalisées sur la croissance, mais nous réfléchissons à mener des projets de transformation digitale dans le futur.

Comment abordez-vous la problématique à l’heure actuelle ?

Ce qui compte est de trouver le meilleur moment pour engager la transformation digitale d’un site afin de maximiser les chances de réussite et les gains de productivité. Ce qui m’intéresse aujourd’hui à Beauvais est d’optimiser le nombre de boîtes produites. Nous avons un logiciel MES (Manufacturing Execution System) en test. Parmi les axes prioritaires, on se concentre à diminuer les temps d’arrêt machines et les coûts d’entretien, optimiser les changements de format, revoir les plans de maintenance préventive… L’application des bonnes recettes du Lean en quelque sorte ! Notre attention porte également sur l’alimentation des abords de lignes et la gestion de nos flux.  Nous réfléchissons à être plus efficaces avec par exemple, la mise en place de rails automatiques pour acheminer nos cartons, de manière fluide et rapide, vers la bonne ligne à tout moment. 

Cette année, quels sujets vous intéressent sur le Congrès Polepharma Industrie du Futur ?

La collecte et l’analyse de données statistiques en production me semblent importantes pour s’améliorer en continu et travailler différemment, mais je m’aperçois que les équipes ont souvent peu de temps de le faire. Je m’interroge sur l’efficacité des systèmes actuels de collecte et d’analyse qui doivent être performants et faciles à utiliser pour en tirer profit. Un autre sujet d’intérêt est la digitalisation responsable, une notion importante si l’on souhaite prendre en compte l’impact environnemental de nos actions. Je me réjouis que ce sujet soit abordé sur le congrès. Les outils digitaux déployés pour moderniser la formation sont également de plus en plus nombreux. C’est un autre axe de travail chez Biocodex pour mieux accompagner les nouveaux arrivants sur nos lignes et créer des parcours de formation individualisés.

Qu’attendez-vous de cette nouvelle édition ?

Le dernier congrès organisé par Polepharma a été très positif en termes de networking, de rencontres avec d’autres industriels et des fournisseurs, de collaborations et de découverte de nouveaux outils. C’est au dernier Congrès Polepharma Industrie du Futur que j’ai assisté à la démonstration de deux outils MES de manière très concrète. Je les ai ensuite testés sur site pour me décider. Cette nouvelle édition 2023 s’inscrit pour moi comme un fil rouge dans notre démarche de transformation. Transition écologique, révolution numérique, intelligence artificielle, ChatGPT, … les bouleversements technologiques et sociaux impactent tous les métiers et les manières de travailler. L’enjeu pour notre site est de rester à la page des nouvelles tendances, s’inspirer de nouveaux témoignages et apprendre des projets pilotes. Comme tous les acteurs du secteur, nous voulons rester à la pointe sur les sujets 4.0 et nous préparer au mieux pour accompagner l’essor de notre site. C’est donc un rendez-vous incontournable !