Le 5ème Congrès sur l’Industrie du Futur de Polepharma, qui se tiendra les 17 et 18 novembre, à ChartrExpo, en Eure-et-Loir, sera l’occasion de brainstormer sur l’industrie du futur et les opportunités incroyables qu’elle offre aux acteurs et sites industriels.
« Deux jours de conférences et d’ateliers pratiques pour mettre l’humain au centre de la dynamique, apprendre des uns et des autres et découvrir la palette de solutions offerte par les différentes organisations » met en avant Vincent Philibert, directeur de la transformation d’Aspen Pharma Notre-Dame-de-Bondeville, qui va présider cette 5ème édition.
Au-delà, l’échange de bonnes pratiques et d’expériences sera bénéfique pour repositionner l’industrie et conquérir un leadership sur de nouveaux marchés, une ambition pour la santé du plan d’investissement France 2030.
Pourquoi avoir accepté de présider ce 5ème Congrès Industrie du Futur de Polepharma ?
D’abord, Aspen Pharma est fortement impliqué dans le cluster Polepharma et nous n’avons manqué aucun des Congrès Industrie du Futur à ce jour, qui sont toujours des événements à la fois illustrant et inspirant pour les entreprises du réseau. C’est aussi un moment fort pour s’informer, comprendre et partager sur l’évolution de notre secteur. Il y a également – et on ne peut pas s’en cacher – un enjeu important de compétitivité aujourd’hui pour nos organisations. Toutes les entreprises, quelle que soit leur taille, sont concernées. C’est pourquoi parmi tous les congrès organisés par Polepharma, j’ai une appétence particulière pour celui sur l’Industrie du Futur, qui offre à la fois l’occasion de se revoir et d’échanger, mais aussi de rassembler largement pour discuter des enjeux de la filière.
Cette thématique raisonne-t-elle de manière particulière chez Aspen Pharma à Notre-Dame-de-Bondeville, près de Rouen, en Normandie ?
Comme d’autres laboratoires du réseau, Aspen Pharma est entré dans l’industrie du futur. Il y a un an, notre groupe a initié une feuille de route digitale axée sur l’optimisation et l’automatisation des processus. Dans la mise en œuvre, la stratégie est de favoriser l’autonomie des sites, le développement des compétences et le sens, pour améliorer la performance industrielle et la compétitivité. De quoi encore plus valoriser le site normand d’Aspen Pharma, reconnu comme un centre d’excellence dans le remplissage stérile injectable, au sein du réseau mondial d’Aspen. A Notre-Dame-de-Bondeville, nous avons été parmi les premiers à lancer une démarche globale de digitalisation l’année dernière. Nous avons une approche pragmatique et concrète de l’Industrie du futur, un domaine encore relativement neuf, et qu’il reste à défricher. Pour ce faire, nous devons être prêts à essayer, à échouer et à apprendre de nos erreurs. Se réunir présente donc un intérêt évident pour favoriser les échanges et le partage d’expériences sur ces thématiques communes.
Dossier de lot électronique, cobot, IA… L’industrie du futur recouvre un ensemble d’outils et de possibilités. Où en sont les sites pharmaceutiques aujourd’hui ?
Les niveaux de maturité, les méthodes d’apprentissage et les moyens sont très différents selon les sites et les acteurs. Malgré cette hétérogénéité, le fait de progresser vers une usine qui soit plus connectée, agile et compétitive est une priorité absolue depuis quelques années. Les actions ont d’abord porté sur la donnée, avec le dossier de lot électronique et la data integrity, pour soutenir la conformité réglementaire, souvent le premier moteur dans le secteur pharmaceutique. Elles ont ensuite évolué vers la performance industrielle et la recherche de compétitivité. C’est pourquoi nous avons privilégié une démarche pragmatique dans la préparation de notre congrès. Avec l’objectif de présenter les stratégies, les moyens et les meilleurs outils des sites, quels que soit leur taille et leurs spécificités, en mettant en lumière les réussites, mais aussi les échecs liés à l’industrie du futur. C’est un domaine dans lequel l’expérimentation est clé. Il faut accepter l’échec et en tirer un retour constructif. Le congrès pourrait contribuer à cette prise de conscience collective pour en tirer un bénéfice commun. On peut espérer qu’à l’issu de nos échanges et du benchmarking, nous aurons une image plus claire de l’état d’avancement de la filière pharmaceutique dans cette transformation et de comment la soutenir.
Quels axes de la transformation allez-vous décliner dans le programme ? Y-a-t- il des moments forts que vous souhaitez mettre en avant ?
L’interaction et les échanges d’expériences représenteront une part importante du congrès. Nous souhaitons donner la parole à des grands groupes tels que Sanofi et Novo Nordisk, pour voir comment une stratégie industrielle se décline du top management jusqu’aux sites. Nous aurons également des témoignages de CDMO, des sociétés plus petites et un secteur plus éclaté, avec une intention et des besoins spécifiques. Pour cimenter l’ensemble, les interventions vont s’organiser autour d’un fil conducteur et d’une idée phare : « digitaliser sans déshumaniser ». Placer l’humain au centre de la transformation est une condition de la réussite pour s’adapter et construire en mode agile à l’avenir. Au-delà des investissements dans le hardware et software, l’enjeu est donc de donner du sens à la transformation. Nous allons l’illustrer à partir d’exemples concrets. En complément de la donnée et de l’automatisation de l’usine, de nouvelles technologies telles que l’exosquelette ou encore les cobots (outils collaboratifs) ont un impact direct sur le travail des personnes. Ces « assistants intelligents » permettent d’améliorer la productivité et le confort du personnel, mais aussi d’orienter le travail sur des tâches à plus haute valeur ajoutée qui vont augmenter le niveau de qualité du produit en sortie finale. La dimension humaine et l’agilité sont, selon moi, les deux principaux marqueurs de la transformation 4.0. On pourrait en ajouter un troisième : le benchmarking pour s’inspirer de la réussite d’autres industries. Nous prévoyons ainsi d’avoir des témoignages éclairants de secteurs pionniers en matière d’industrie du futur, notamment d’équipementiers comme Bosch, Michelin, Staubli….
Vous êtes un observateur attentif de la mise en place des technologies 4.0 sur le terrain. Quel impact ont-elles sur l’organisation des sites et l’évolution des compétences ?
L’usine a beaucoup changé ces dernières années. L’industrie pharmaceutique continue de réaliser une hybridation entre les équipements physiques classiques et la science de la donnée informatique, qui va crescendo. On le voit bien dès lors que l’on conçoit de nouvelles unités ou réalise des investissements pour l’avenir. On est dans le domaine de la disruption auquel la jeune génération est sensible. De nouveaux métiers émergent à l’appui du changement. La formation et l’accompagnement seront également des facteurs clés de réussite. Une des premières actions chez Aspen Pharma a ainsi été de mettre en place un responsable digitalisation et industrie 4.0. Avec comme mission d’élaborer une feuille de route et une matrice de choix pour acquérir de nouvelles solutions innovantes. La prochaine étape, très proche, est l’avènement d’experts en data science, une fonction qui peut être mutualisée entre sites. L’enjeu est la maitrise de la donnée critique. Les données sont aujourd’hui encore très disparates sur les sites, en grande partie sous format papier. Pour aller de l’avant, Aspen Pharma est membre fondateur du Consortium sur la blockchain avec Aptar Pharma et Polepharma, avec le support expert de REDLab. L’objectif est de développer une application et une architecture partagée de blockchain pour sécuriser les processus. Et cela, en avant-première pour l’industrie pharmaceutique !
Se transformer et produire de manière durable, c’est un autre enjeu majeur pour les sites de Polepharma dans les années à venir. Une condition de réussite – aussi – pour la nouvelle dynamique initiée par France Relance. Quelles sont les promesses de l’industrie du futur dans ce sens ?
Aujourd’hui, la digitalisation se présente comme un outil du lean management pour les sites, ce qui va permettre également de progresser et de réussir sur les enjeux climatiques et de la responsabilité sociétale. Quand on commence à piloter nos consommations énergétiques, avec une compréhension analytique de ce qui se passe dans l’usine, on est en mesure de détecter les leviers de la performance pour avoir notamment une moindre consommation, limiter les gaspillages ou encore l’empreinte carbone. C’est une préoccupation forte des sites actuellement et qui ressortira sûrement lors des témoignages du congrès.
Quels conseils avez-vous envie de donner aux entreprises du réseau ?
Ce qui est souhaitable d’abord est de ne pas se perdre sur la méthode. J’ai bon espoir que les sites trouveront les réponses à leurs questions lors du congrès au travers des témoignages des premiers utilisateurs des technologies 4.0. Un autre enjeu est d’accorder la roadmap à la stratégie de l’entreprise. Et d’enclencher ensuite des évolutions concrètes en matière d’innovation, d’évolution des métiers et des compétences. La question centrale est comment embarquer l’organisation pour donner envie et éliminer les potentiels sujets de crispation. L’adaptation sera réussie si elle se fait au bon rythme. Nos sites vont continuer à se moderniser, à beaucoup investir dans leurs outils de production, à verdir leur process, se décarboner, et basculer dans l’industrie du futur. C’est en essayant que l’on apprend. Le benchmark entre les entreprises du réseau est nécessaire pour aller plus vite.
Un mot de conclusion ?
Après cette longue pause Covid, nous avons tous envie de reprendre le chemin des congrès de Polepharma pour s’enrichir de la relation aux autres ! Face à la grande hétérogénéité de nos pratiques, nous avons – aussi et surtout – le besoin d’apprendre de l’expérience collective en matière d’industrie du futur. Avec le comité de programmation, nous avons élaboré un programme riche et varié, faisant appel à un large panel de témoignages, de conférences et de tables rondes, pour présenter et échanger notamment sur des travaux en commun. Ces deux jours devraient permettre un examen enrichissant des questions qui nous préoccupent tous. Cela devrait vous plaire, venez nombreux !
Un comité de programmation engagé et à l’écoute
Le comité de programmation du 5ème Congrès sur l’Industrie du Futur de Polepharma regroupe des profils variés et impliqués dans les problématiques liées à l’industrie du futur : Marie-Flore Barreau, Chef de projet opérations industrielles Polepharma, Mathilde Bourges, Manager Communication, Leadership, Développement & Innovation Novo Nordisk, Wladimir Guitel, Directeur Technique Stérile Delpharm, Manuel Gea, Co-Founder et CEO Bio-Modeling Systems, président d’ADEBIOTECH, Guillaume Yzet, Sales Manager SPECTRAL TMS, Haifa Rabai, Digital Booster Leader Sanofi Pasteur, Vincent Philibert, Directeur de la Transformation Aspen NDB, Christophe Assire, Pharmacien Industriel Aspen NDB, Farid Bagui, chercheur et pilote de formation Mastères spécialisés CESI de Rouen.