Haïfa Rabai, Chief Data Officer de Sanofi au Val-de-Reuil :
« Tirer le plein potentiel de l’intelligence artificielle générative au bénéfice de nos collaborateurs »
Aller plus vite et dans le concret pour les sites : c’est l’ambition de Haïfa Rabai, Chief Data Officer chez Sanofi au Val-de-Reuil, qui présidera le 7è congrès Polepharma Industrie du Futur, les 13 et 14 novembre prochains à l’Illiade de Chartres, en mettant un accent particulier sur l’impact de l’IA générative sur les métiers et les projets en production au bénéfice des collaborateurs.
Pourquoi avoir accepté de présider ce 7e congrès Polepharma de l’Industrie du Futur ?
C’est Renaud Sermondade, vice-président Global Market Development & DG EMEA d’Aptar Pharma et vice-président de l’expertise Polepharma sur la performance industrielle, qui a présidé l’événement l’année dernière, qui m’a proposé cette mission. Un beau challenge ! Je l’ai accepté avec plaisir pour mettre en lumière ce rendez-vous incontournable de la filière (bio)pharmaceutique. Cela s’inscrit, également, pour moi comme une suite logique après trois années à m’investir au sein du comité de programmation du congrès. Et c’est aussi un fil rouge dans mon action au quotidien, sur le terrain, en tant que cheffe de projet chez Sanofi, le premier groupe pharmaceutique qui cherche à exploiter le plein potentiel de l’IA au service des hommes, qu’ils soient collaborateurs, partenaires ou patients. Un autre point positif : je suis la première femme à présider ce congrès. Une bonne nouvelle dans une industrie aujourd’hui majoritairement féminine et qui agit pour la parité et l’égalité hommes-femmes au quotidien !
Quelle est la particularité de cette nouvelle édition ?
Cette nouvelle édition sera intéressante pour comprendre les enjeux de l’industrie 4.0 (et l’évolution incontournable vers le 5.0) et la révolution des nouvelles technologies, mais aussi analyser l’évolution des stratégies digitales des sites (qui sont à différents niveaux de développement et de maturité) avec les difficultés rencontrées et les résultats obtenus aujourd’hui, et surtout identifier les facteurs clés de succès et les leviers d’une transformation digitale réussie. Le congrès ne va pas dévier de sa mission première : partager sur des bonnes pratiques et des facteurs clés de réussite pour embarquer toute la filière dans une dynamique d’amélioration continue. Cette année, notre ambition est de privilégier les retours d’expérience et l’analyse de cas d’usage concrets, présentés par les industriels, pour accompagner les sites dans leurs transformations. Face à un monde en perpétuelle évolution, les périodes de mutation deviennent de véritables défis pour les entreprises avec la nécessité d’être accompagné sur la gestion du changement. C’est la force de cette coopération qui nous unit, lors des événements Polepharma, et qui nous permettra de progresser demain pour être plus compétitifs.
Quel programme peut-on déjà partager avec le réseau Polepharma ?
Nous avons prévu 4 temps forts et sessions thématiques sur les deux jours de congrès, les 13 et 14 novembre. La 1ère session va mettre en lumière les constats et retours d’expérience de nos usines et laboratoires. Objectif : dresser un panorama factuel de la transformation digitale de notre industrie avec les témoignages notamment d’Aptar Pharma, de Sanofi, Servier ou encore Kenvue.
Une 2nde session vise à présenter la valeur ajoutée des solutions éprouvées et leur impact sur la qualité : ces solutions ont-elles répondu aux besoins ? Quelles sont, pour chacune, la maturité et la vision qualité ? Et comment s’intègre l’intelligence artificielle dans les processus ? Au travers de retours d’expérience du terrain, l’idée est de décrypter la mise en place de ces transformations digitales à l’œuvre et de vérifier leur adéquation aux besoins, notamment l’impact sur la qualité, au travers de plusieurs, en particulier C’Chartres Innovation, Novo Nordisk, Smart Industry et Technord.
Au cours de la 3e session, on va se concentrer sur l’intégration des solutions sur le plan organisationnel, mais aussi industriel et opérationnel, en mettant l’accent sur l’inclusion, l’accessibilité et la satisfaction des clients internes et externes. L’occasion d’aborder les formations utiles pour aider nos collaborateurs à maîtriser ces outils. Nous en parlerons notamment avec Aptar Pharma, Créative IT, ETN et la fondation Anaïs & Gilson.
Et enfin, nous aborderons les nouvelles ambitions et innovations dans une 4e session pour répondre aux questions : quelles sont les clés de succès pour accompagner la transformation sur les sites ? Quelles sont les nouveaux challenges pour demain ? Cette vision prospective sera notamment élaborée avec les témoignages d’Aptar Pharma, CTIBiotech et Novo Nordisk. L’objectif est de partager sur la maîtrise des changements technologiques à l’œuvre et d’identifier les révolutions à venir pour se projeter avec confiance.
Qu’est-ce qui sera déterminant à l’avenir pour l’industrie (bio)pharma, selon vous ?
Par sa dimension systémique, la révolution numérique induit des bouleversements majeurs au sein des entreprises et de nos sites, transformant l’organisation, la culture d’entreprise et le mode de management. C’est donc l’ensemble des métiers de la chaîne de valeur du secteur pharmaceutique qui sont ainsi renouvelés par cette transformation. Pourtant, nous parlons beaucoup des nouvelles technologies mais peu d’humain, qui permet de porter et concrétiser cette transformation digitale. Nos investissements dans l’IA doivent d’abord avoir un impact positif et apporter de la valeur ajoutée à nos collaborateurs, puis à l’entreprise. C’est ce que promet l’IA générative qui simplifie la tâche des équipes supports ou des opérateurs sur les lignes de production. Mais cela nécessite un accompagnement et de la formation sur le terrain pour se concentrer sur l’essentiel. C’est donc le bon moment pour se réunir et agir, avec l’appui de Polepharma, pour faire de l’IA un atout majeur !
Où en sont concrètement vos développements chez Sanofi ?
Notre groupe a délivré son premier programme de digitalisation avec succès, appelé aujourd’hui Smart Factory. Des chaines de production aux fonctions support, en passant par le contrôle qualité, la majorité des fonctions est aujourd’hui équipée de technologies de pointe. L’usage de la data a été un facteur clé dans notre stratégie de digitalisation. Après avoir connecté nos sources de données à un datalake commun et partagé par tous les sites, nous avons développé et mis en place des applications pour tirer profit de ces données et les rendre accessibles à tous.
Nous continuons aujourd’hui d’investir dans la data pour identifier de nouvelles opportunités pour Sanofi telles que l’automatisation de nos tableaux de bords ou encore la proposition de modèles pour faire de la maintenance préventive et prédictive.
Afin de mieux accompagner cette dynamique, nous restructurons nos équipes et mettons en place une data gouvernance pour encadrer l’usage qui est fait des données.
Sanofi a également l’ambition de devenir le premier groupe pharmaceutique à investir dans l’IA. Nous sommes donc fiers d’annoncer la réussite de notre première solution Core Model fondée sur l’intelligence artificielle générative pour l’automatisation de nos rapports.
Quelle est votre ambition pour cette 7e édition du congrès Polepharma Industrie du Futur ?
La mesure du succès de l’événement se révèle dans l’augmentation de l’audience et de l’intérêt sur les différents sujets pour faire jouer la fertilisation croisée. De plus en plus de demandes sont formulées pour participer à des tables rondes et des groupes de travail. On sent un véritable engouement de toute la filière pour les activités industrielles de Polepharma, à l’heure de la réindustrialisation et de la reconquête d’un leadership. C’est la 7e année consécutive de notre action qui s’adresse principalement aux acteurs et décideurs de terrain : directeurs de site, responsables excellence opérationnelle, chefs de projet, responsables programme digitaux, acteurs de la qualité et pharmaciens. L’an dernier, plus de 200 nous avaient rejoints. Et cette année, j’espère encore battre ce record d’audience !
Propos recueillis par Marion Baschet Vernet